Le 20 novembre, la salle Lo Rwa Kaf à Sainte-Suzanne a été le théâtre d’une rencontre essentielle. Le Département de La Réunion, maitre d’ouvrage du projet MEREN, a présenté les premières esquisses du tracé du réseau d’eau MEREN Nord devant les 50 habitants directement concernés, aux côtés la Saphir (conducteur d’opération), Geofit Expert (opérateur foncier), ainsi que les bureaux d’études Artelia et BRL, chargés de la conception du projet.
L’intérêt pour ce projet d’envergure est palpable, tout comme les inquiétudes légitimes concernant les terrains d’habitation. Ce rendez-vous a offert aux porteurs du projet une plateforme de dialogue pour expliquer les contraintes techniques, échanger et trouver des solutions en cas de blocage.

Projet MEREN : sécuriser la ressource en eau et améliorer le rendement agricole
Le Département de La Réunion a rappelé en introduction les objectifs fondamentaux du projet de Mobilisation des Ressources en Eau des microrégions Est et Nord (MEREN), chiffré à 240 millions d’euros et dont les études ont démarré en 2021.
- Garantir un apport en eau brute pour les stations de potabilisation, assurant l’approvisionnement face à l’accroissement démographique.
- Soutien Agricole : Ramener l’eau vers les zones de Sainte-Marie, Sainte-Suzanne et Saint-André pour irriguer 2 600 hectares. L’enjeu est double : pérenniser la canne à sucre face aux sécheresses et favoriser la diversification des cultures comme le maraîchage.
L’eau brute prélevée au niveau des prises de Fleurs jaunes et Rivière du Mât sera acheminée au travers de la galerie existante de Salazie pour être distribuée notamment dans le Nord-Est de l’île optimisant ainsi une ressource qui ne serait pas totalement utilisée et assurant une meilleure répartition des eaux à l’échelle du territoire.
Infrastructure et Planning
Les travaux majeurs incluent la création d’une Galerie GANOR de 6 km et le déploiement d’un réseau de distribution colossal : une conduite maîtresse de 20 km et 90 km de canalisations secondaires.
Le calendrier prévoit :
- 2026 : Dépôt du dossier d’autorisation d’utilité publique.
- Fin 2028 : Démarrage des travaux (durée estimée : 44 mois).
Impact sur le foncier et indemnités : dialogue et transparence
Les échanges avec la population ont été l’élément central de cette rencontre, axés sur la nécessité de co-construire le tracé en utilisant la connaissance terrain des propriétaires.
Les bureaux d’études ont confirmé la priorité donnée aux chemins d’exploitation et aux bordures parcellaires afin de limiter l’impact sur les terrains privés et d’éviter de dégrader les voiries revêtues.

Servitude : clarification du statut foncier
La principale inquiétude concernant la procédure d’Utilité Publique (DUP) a été levée suite à plusieurs questions posées en séance :
- Pas d’expropriation : la DUP permet l’institution d’une servitude de 3 mètres de large pour l’accès et l’entretien des canalisations. Le propriétaire conserve la pleine propriété de son bien.
- Indemnisation garantie : deux types d’indemnités sont prévus : une pour la constitution de la servitude elle-même, et une autre pour la perte de récolte subie lors de l’occupation temporaire des travaux.
Impact sur la distribution d’eau
Une habitante s’inquiète sur un potentiel manque d’eau à Sainte-Suzanne en lien avec les prélèvements d’eau du projet. La Saphir clarifie en retour :
« L’eau que nous récupérons provient de la galerie existante de Salazie, via les prises de fleurs jaunes et rivière du Mat. Le projet vise justement à une meilleure répartition des eaux et viendra sécuriser l’apport en eau potable, en distribuant de l’eau aux fermiers de Sainte-Marie, Sainte-Suzanne et Saint-André. »

L’importance de signaler des projets de construction personnels à venir sur les parcelles
Enfin, l’équipe projet a rappelé l’importance de la transparence et du dialogue : les propriétaires ayant des projets personnels sur leurs parcelles doivent les signaler dès que possible pour permettre un ajustement potentiel du tracé et éviter tout conflit ultérieur. Des procédures de sécurité, gestion de la poussière par arrosage par exemple, seront mises en place par les entreprises durant le chantier.
Cette réunion marque une étape décisive, soulignant l’engagement de l’équipe MEREN à conjuguer avancement technique du projet et dialogue permanent avec les acteurs du territoire.
